Zombie Apocalypse Saison 5 : A Battle for Freedom | | La fin de ZA : Un épilogue | |
| Maître du Jeu Messages : 201 Points : 3608 Date d'inscription : 03/05/2015 Gestion du PersonnagePoints "6e sens" disponibles: Nombre de RPs en extérieurs complétés: (20/20)Santé (blessure/maladie): | Sam 23 Sep - 2:53 | | Cher lecteur, chère lectrice, Peu importe ton lien avec ZA, que tu sois un ancien joueur(euse), ou encore quelqu’un qui aurait souhaité participer à notre forum d’écriture je te saluts avec respect. Malheureusement pour vous, quel que soit vos intentions, si vous lisez ce thread c’est que vous avec bien compris qu’il s’agit là de la conclusion de l’épopée enlevante que fut ZA. Une histoire qui a débuté sous la plume du joueur Allison McCarthy et qui se solde maintenant avec la mienne. Une longue épopée ayant débuté en décembre 2009, et qui s’est prolongé sur près de six longues et inoubliables années. Un récit marqué de personnages uniques et vibrants d’une créativité que je n’avais jamais vu auparavant sur les autres forums où j’ai joués. C’est ce qui m’a attaché à ZA. C’est ce qui m’y a fait rester depuis 2013. Et c’est également ce qui m’a encouragé à le reconstruire après l’effacement du forum original en avril 2015. Tellement de choses ont été perdues lors de cette nuit fatidique… Je regretterai longtemps de ne plus pouvoir retourner à ce vestige à l’intérieur duquel se trouvaient tant de bons souvenirs. Néanmoins, je suis heureux de savoir que ma tentative de reconstruction a su prendre forme temporairement et qu’elle put mener le forum Zombie Apocalypse a une mort (si j’ose dire) plus « naturelle ». Je remercie du fond du cœur mes collègues admins Crystal et Curse, ainsi que tous ceux avec qui j’ai croisé la plume sur ZA depuis le tout début de mon arrivée. Je n’espère qu’une chose désormais, que nos chemins respectifs nous permettent de nous retrouver un de ces jours afin de croiser la plume comme à l’apogée de ce magnifique forum. Sans plus de préambule, je vous offre donc l’épilogue de l’histoire du forum Zombie Apocalypse. Avec ma sincère reconnaissance, et mes remerciements les plus honnêtes, Mastermind, AKA Caleb Beauharnois - Précisions et mise en contexte:
Afin de bien comprendre le contenu de cet épilogue vous êtes encouragé à aller lire le thread suivant sur les saisons précédentes. D’autres hyperliens seront inclus dans le texte pour vous diriger vers les sujets dont la lecture pourra grandement contribuer à la compréhension du contenu de cet épilogue.
Dernière édition par Mastermind le Sam 23 Sep - 15:46, édité 1 fois |
| | | Maître du Jeu Messages : 201 Points : 3608 Date d'inscription : 03/05/2015 Gestion du PersonnagePoints "6e sens" disponibles: Nombre de RPs en extérieurs complétés: (20/20)Santé (blessure/maladie): | Sam 23 Sep - 3:12 | | 21 septembre 2022, 8h23, Bowyer Island, Colombie-Britannique, Canada.Du haut du perron surélevé sur lequel j’étais assis, je regardai en contrebas la petite baie s’ouvrant sur l’étendue de l’océan Pacifique à l’horizon. L’ancienne maison de plaisance dans laquelle nous avions élu résidence n’était pas la seule de l’île, mais elle était la mieux située pour pouvoir accéder au ponton de bois en contrebas de la falaise sur laquelle notre refuge était perché. Chacun de ces luxueux manoirs devaient avoir appartenu à de très riches familles de la province, et le décor n’étaient pas sans me faire rappeler les Thousand Islands que j’avais traversé avec ma famille au tout début du cataclysme, il y a de cela près de douze longues années. La journée était radieuse, un ciel immaculé permettait à l’astre du jour de recouvrir chaque parcelle du paysage m’avoisinant d’une lumière éclatante qui mettait en valeur la magnifique couleur émeraude des conifères et des feuillus dont le lustre n’était pas encore affecté par l’automne sur le point de cogner à notre porte. Un petit sourire satisfait aux lèvres, je balayai les environs du regard en contemplation devant la profonde quiétude des lieux et mes yeux revinrent machinalement vers une scène que je ne m’étais pas permis d’espérer pendant des années. Près des rochers de la falaise qui se jetait dans la mer à une dizaine de mètres en contrebas, Cloé avait sa jeune fille Emma assise sur elle alors qu’elle semblait lui raconter une histoire dont je ne pouvais connaître le contenu étant donné la distance et le vent sifflant à mes oreilles. Plus bas encore, Charlie et Estelle sortaient d’un des canots qui servait à la plupart de nos déplacements tandis que Niomi, Alden, sa mère Élise et son petit frère Nathaniel les accueillait sur le quai de bois. Un des nombreux clichés qui se grava dans ma mémoire pour me rappeler de tout ce qu’il nous restait malgré les innombrables pertes que nous avions subi. Après une profonde inspiration, je retournai mon attention à la table devant laquelle j’étais assis et où reposait un cahier ouvert avec un stylo que je repris en main afin de poursuivre ma rédaction. ******** - Saison 5, A Battle for Freedom:
[…]
Ainsi, suivant mon sauvetage par les membres des Offsprings of Freedom et l’interrogation prompte à laquelle je fus soumis, moi comme eux furent surpris de voir le peu de réponses que j’avais à leur offrir concernant les Raiders ou Jericho. Ils avaient bien compris que j’en savais bien malgré moi certainement plus que d’autres concernant la dévastation qui avait abattu nos civilisations, mais Azad et ses lieutenants m’octroyèrent le temps de reprendre mes forces tandis qu’ils se lançaient activement à la recherche de leurs ennemis.
Gravement blessé par cette troisième altercation avec les Raiders, je ne pus pour ma part que poursuivre ma convalescence. Heureusement, j’eus l’aide et le support pour ce faire de Niomi, mais aussi de Charlie, Estelle et Wei Jian qui avaient, à ma surprise, survécu à la première attaque que nous avions subie en fin avril. Charlie et Estelle s’étaient depuis lancés dans une vendetta meurtrière contre les Raiders tandis que Wei avait pris pour sa part le rôle de garde du corps d’Azad avec qui il avait déjà eu à faire durant son incarcération à la Marion. La réception des jumeaux Rahl fut beaucoup plus froide et distante à cause des circonstances dans laquelle je me trouvais. Ils me reprochèrent de leur avoir voilé des informations cruciales et même possiblement menti sur toute la ligne. Toutefois, ils comprirent à force de persuasion que je n’avais réellement aucune idée de la raison pour laquelle Jericho me voulait. Kelsey pour sa part fut plus facile à convaincre et contrairement à la terreur que je ressentais envers ses possibles reproches, elle me pardonna l’abandon dont je m’étais rendu coupable envers notre ami commun William, et par ce simple acte, notre relation se solidifia considérablement par la suite.
Durant les semaines qui suivirent, les Offsprings commencèrent une exploration assidue des environs de Salem tandis que d’autres préparèrent un piège afin de capturer un Raider suffisamment haut-gradé qui pourrait nous donner des informations supplémentaires concernant les Raiders et leur leader. Toutefois, pendant que ces plans se mettaient en marche, Azad attendit un peu que je reprenne mes forces avant de revenir à la charge et de m’interroger à nouveau. Cette fois-ci sur les circonstances concernant l’émergence de la pandémie 6 ans plus tôt. Mes propos n’avaient rien de très vraisemblable et je ne fus aucunement surpris de voir le scepticisme dominer les pensées de l’Iranien au fur et à mesure que je lui expliquai le peu que je savais de cette situation. Néanmoins, il finit par me croire suffisamment pour vouloir vérifier l’information davantage, mais pas assez pour me laisser libre de mes mouvements dans le QG.
Ma convalescence m’empêchait de faire quoi que ce soit d’une manière ou d’une autre et en cela j’étais accompagné par Alden Christy. Un jeune irlandais dont j’avais fait la connaissance avant que le 4283 Markham Street ne soit envahi par les Raiders et qui me visita constamment au fil des jours qui suivirent. À ce moment-là, je n’aurais jamais pu deviner l’ampleur de l’impact que nous aurions respectivement sur nos vies respectives, mais je profitai de sa compagnie avidement à l’époque puisqu’il fut l’un des seuls à me faire instinctivement confiance de par notre précédente excursion dans l’ouest de Salem.
Une fois que le piège orchestrer par Kelsey, Victor et l’un de mes sauveurs, Alex Morin, permis de capturer un lieutenant de Jericho au début du mois d’août 2017, son interrogation permis de découvrir la localisation du principal campement des Raiders qui était situé un peu plus loin à l’est, dans la petite ville de Silverton. D’autres avant-postes parsemaient le territoire environnant, mais le cœur de leur organisation et donc l’endroit où se trouvait l’énigmatique Jericho, était finalement découvert. L’individu ne savait pas ce qui motivait ce dernier à vouloir absolument me trouver, ni ce qu’ils faisaient avec les enfants, mais nous savions à tout le moins que les réponses que nous cherchions se trouveraient au campement des Raiders. Ce qui nous terrorisa plus que tout cependant, c’est de découvrir l’ampleur de la menace qu’ils représentaient puisque selon le captif, leur nombre s’élevait à plus de 700, sans compter leurs centaines d’esclaves… Leur force de frappe était donc impossible à rivaliser, mais il y avait espoir de les vaincre en usant de ruse.
Azad savait que la force des Raiders résidait dans la peur que leur leader inspirait et n’ayant visiblement aucune chance de les vaincre par la seule force des armes, il rassembla un groupe de volontaire pour infiltrer le campement des Raiders afin d’assassiner Jericho avant qu’il ne lance ses forces dans Salem. Sa mort mènerait inévitablement à la désintégration de ses forces qui avaient de bonne chance de s’entretuer elle-même et les braves qui répondirent à l’appel d’Azad furent Terry Mayne, Alex Morin, les jumeaux Rahl et Kelsey S. Williams. Chacun disposait d’une raison ou d’une expertise particulière qui nous portait à croire que leur tentative serait couronnée de succès, but little did we knew...
Je ne sais que ce qu’ils m’ont raconté après les faits, mais Jericho se doutait qu’un scénario du genre se tramerait après l’embuscade que nous avions fait subir à ses hommes et souhaitant lui-même tendre un piège, il laissa volontairement le groupe s’infiltrer dans son campement beaucoup plus aisément qu’ils auraient dû en théorie. Ce qu’ils découvrirent au cours de cette infiltration défiait l’imaginaire le plus sordide. Viol, esclavagisme, combat d’esclave dans une arène improvisée, et même du cannibalisme… Les esclaves formant un garde-manger dans lequel les Raiders semblaient se servir comme les monstres qu’ils étaient. Tout semblait confirmer et renforcer les images horrifiantes que leur groupe avait évoquées à notre esprit depuis leur arrivée, mais rien ne rivalisa avec ce que le groupe trouva dans une zone de tentes apparemment consacré à l’infirmerie du campement. Il s’agissait de tout sauf de cela…
Des dizaines de personnes, hommes, femmes et enfants étaient immobilisés dans des civières et piqués de toute part par des intraveineuses aux fonctions difficiles à déterminer. Jennsen estima qu’il s’agissait d’une manière de les maintenir dans un état quasi comateux tout en leur prélevant un fluide corporelle, mais elle n’aurait pu dire quoi sans examiner plus en détail. Ce qui importe toutefois, c’est qu’ils découvrirent dans cette même tente le frère de Kelsey, Matthew, et la compagne de William Ward, Aya McCormick. Si le premier était encore vivant, la seconde était pour sa part sur le point de s’éteindre, et dans un ultime effort de volonté, elle ordonna à Kelsey de trouver son neveu dans le campement, un jeune bambin nommé Aïko, et de le sortir d’ici. Face à cette situation le groupe dut se séparer pour ramener Matthew et le bébé en lieu sûr, et se furent donc Alex et Kelsey qui rebroussèrent chemin tandis que Terry, Victor et Jennsen poursuivirent leur route.
Le piège de Jericho se déclencha une fois qu’ils arrivèrent dans ce que les éclaireurs d’Azad avaient identifié comme son lieu de vie. Le groupe se sépara pour trouver plus rapidement Jericho et l’éliminer, mais alors que Terry tombait sur des salles vides, que Victor trouva une sorte de table de guerre remplie de carte, de journaux et de calepins, et que Jennsen trouva la chambre à coucher de leur cible, ladite cible les laissa errer quelques instants avant de surprendre Jennsen et de lui injecter un liquide par l’intermédiaire d’une seringue. L’échauffourée se poursuivit en amenant les deux autres à se porter au secours de la sœur Rahl et tous furent pris au dépourvu par le gabarit, la dextérité et la force de cet individu qui avait toute l’apparence d’une brute, mais dont l’esprit trahissait les réflexions d’un fin stratège. Le combat tourna vite à leur désavantage et Terry lui-même succomba à la force titanesque de ce géant qu’ils étaient visiblement incapable d’arrêter.
Leur retraite fut pratiquement stoppée alors que le campement prenait note des intrus et qu’on tenta de les prendre en otage, mais par chance, les quatre survivants réussirent à quitter Silverton avec les deux ex-otages des Raiders, ainsi qu’une partie des documents contenus dans les bureaux de Jericho que Victor avait pris soin de prendre avant que sa sœur ne soit attaquée.
Cette tentative d’assassinat fut le commencement officiel du siège qui nous maintint prisonniers des murs de Salem pendant de nombreuses semaines. Dès l’altercation à Silverton jusqu’au début du mois de septembre environ, les Raiders bloquèrent toutes les issues envisageables à la ville et l’approvisionnement déjà difficile des Offsprings devint bientôt pratiquement impossible à maintenir. Notre situation devenait désespérée et Jericho tentait d’amadouer les autres Offsprings à me donner à échange de leur liberté, mais après avoir vu ce que les Raiders faisaient à leurs victimes, nul n’était dupe. Ils ne quitteraient jamais Salem en sachant qu’autant d’âmes pouvaient en être prélevées. Il y eut tout de même des dissidences qui secouèrent les convictions des suivants d’Azad et que plusieurs, dont mes alliés, durent lutter activement à étouffer. Ultimement, la menace commune et l’horreur que leur mode vie inspirait réussirent à maintenir suffisamment d’unité pour continuer à riposter, mais la résistance ne pouvait durer éternellement.
La seule protection que notre situation nous octroyait, c’était les nombreux Z qui empêchaient Jericho de simplement valser jusqu’au QG avec ses hommes sans prendre le risque d’être lui-même prisonnier et détruit, néanmoins, cette protection « naturelle » devenait peu à peu notre propre tombeau alors que les affrontements attiraient de plus en plus de morts dans les rues de la ville, ce qui complexifiait toutes les manœuvres des Offsprings.
Tout au long de ces longues semaines de lutte, on me donna les papiers et les documents que Victor avait récupérés lors de notre raid, et, n’ayant pas la possibilité de participer à la résistance vu mon état de santé, Azad exigea que j’essaye de découvrir les motivations de Jericho. Or, jamais je n’aurais pu anticiper ce que j’y découvris…
Jericho provenait effectivement de Groom Lake comme je le craignais, mais plus important que tout, je découvris qu’il s’agissait d’un Panacéen… Un terme que je connaissais uniquement grâce à ce que Laura J. Strempton m’avait révélé auparavant. La Panacée était, selon elle, la version perfectionnée du virus Z, celui qui avait malheureusement fuité au cours d’une expérience manquée à Séoul et qui avait depuis transformé notre univers en l’enfer qu’il était aujourd’hui. À son état pur, la Panacée était, toujours selon Laura, un virus extrêmement perfectionné qui octroyait la capacité à son hôte de décupler ses capacités physiques, sensorielles, et intellectuelles. Le but initial étant d’offrir ce produit comme un remède soignant toutes les maladies, tout comme le prétendait la déesse grecque du même nom dont le virus semblait être inspirer. Cependant, je savais grâce à ma rencontre avec Laura que le but de l’industrie pharmaceutique à l’origine de cette « découverte », les Industries Devlin situé à Los Angeles, avait eu le support du budget présidentiel américain en douce puisqu’ils espéraient créer de « supersoldats » grâce à cette Panacée.
Or, les documents que Victor avait pris mentionnaient cette industrie à de nombreuse reprise. Jericho tentait de trouver leur principaux bureaux, et à force d’en analyser le contenu, j’arrivai aux quelques constats suivants.
Premièrement, que la tentative de Mark et Kathleen de détruire Groom Lake s’était révélé un succès, mais que Laura y était de nouveau prisonnière avant leur arrivée. Probablement puisqu’elle avait prise la décision de commencer son assaut sans leur support à cause du long délai qui séparait ma rencontre avec elle et leur arrivée sur les lieux quelques semaines (ou mois) plus tard. Deuxièmement, que Laura, Mark et Kathleen étaient tous décédés dans l'altercation, mais que la destruction des laboratoires avaient permis à dix expérimentations de Groom Lake d’être relâchées, c’est-à-dire, dix autres Panacéens comme Laura… J’ignorais leur nom et leur identité exacte puisque les rapports n’étaient pas explicites, mais il apparaissait clair que ces individus avaient quitté Groom Lake ensemble et qu’ils avaient l’intention commune d’organiser les lambeaux de l’humanité autour de leur leadership sous prétexte qu’ils se percevaient comme l’apothéose de l’évolution humaine. Si bien que tous ceux que ne pourrait supporter le virus de la Panacée n’était que des bêtes ne valant guère mieux que de les servir ou d’être éradiqués.
Troisièmement, que Jericho avait su que Laura était la réponse à bien des mystères lié à la pandémie au cours de son incarcération puisqu’il l’avait non seulement vu avant et après sa fuite de Groom Lake, mais il avait également vu Ana Stanford, la patiente zéro, celle à l’origine de toute la contamination. Jericho avait deviné le rôle qu’elles avaient joué dans sa propre incarcération, ainsi que dans l’état déplorable du monde. Toutefois, il n’avait jamais eu la chance d’en découvrir plus puisqu’il n’eut pas la possibilité de la rencontrer en personne, et il espérait pouvoir trouver des réponses en explorant les bureaux des Industries Devlin.
Quatrièmement, qu’il tenait à retrouver l’endroit où les Industries Devlin se situaient afin de perfectionner la Panacée qui, selon ses dires, n’étaient pas encore complète.
Cinquièmement, que Jericho et les autres Panacéens me croyaient lié à ces « Industries Devlin » dont la localisation était, selon les déductions de Jericho, à Safe Haven. Une conclusion complètement impensable lorsqu’on savait comme moi que, du temps où l’enclave portait ce nom, elle était nichée au beau milieu d’une forêt sans presque aucune commodité moderne, et encore moins un laboratoire. En revanche je savais que les laboratoires des industries en question se trouvaient à Los Angeles. C’était bien la seule chose que je pouvais concrètement amené à Jericho et ça semblait être la principale motivation qu’il avait de me retrouver…
Cependant, ce qui m’importa plus que tout c’était que Jericho ne comptait définitivement pas seulement mettre la main sur moi puisqu’il pensait, avec raison, que je connaissais la localisation des laboratoires qu’il cherchait. Il se dirigerait probablement vers Hope à un moment où à un autre puisqu’il en connaissait indirectement l’existence. Même s’il ne savait que son ancien nom, je ne pouvais être assuré que je ne divulguerais pas contre mon gré la localisation actuelle de Hope s’il me trouvait. La vie de Cloé et David serait dès lors en grave danger.
Pour couronner le tout, et pour des raisons qui nous échappèrent dans l’instant, Jericho n’avait pas tenté de tuer Jennsen lors de leur altercation. La seringue qu’il lui avait injectée contenait le virus de la Panacée, et Matthew, le dernier membre de la famille de Kelsey, était également infecté. Ce dernier nous révéla que Jericho l’administrait à ceux qu’il jugeait apte à survivre à ses effets afin d’augmenter le nombre de Panacéen, mais je craignis le pire dès qu’on découvrit leur infection puisque Laura m’avait souvent répétée qu’elle était mortelle. Bien que je fus soulagé de découvrir que ce n’était apparemment pas le cas comme le témoignait l’existence de Jericho et des autres Panacéens, les mois qui suivirent nous révélèrent les conséquences, et en sachant maintenant en quoi elles consistent, la mort aurait sans doute été préférable...
En effet, le procédé était si taxant d’un point de vue physique pour le Panacéen que ce dernier se trouvait inondé d’une douleur intense et constante qu’il n’arrivait pas à calmer lui-même avec ses propres endorphines. C’est ce qui avait mené Jericho et les autres Panacéens à prélever des endorphines supplémentaires chez d’autres êtres humains comme la pauvre Aya et les autres esclaves que nous avions vus à Silverton afin de calmer les crises de douleurs, et c’est ce que Jericho espérait régler en « complétant » le virus qui était de son point de vue inachevé étant donné la souffrance physique qu’il provoquait.
C’était là un symptôme dont j’ignorais l’existence puisque, de ce que Laura m’avait expliqué, la Panacée était mortelle selon elle dans la mesure où elle faisait perdre tout jugement à l’hôte du virus et qu’il devenait plus simple de le tuer lorsqu’il n’avait plus de contact avec la réalité. En effet, les sens décuplés du Panacéen rendaient la moindre lumière éblouissante et le moindre bruit assourdissant, et je pensais que le corps de l’infecté, incapable de s’acclimater à ce bombardement sensoriel, finissait par tout simplement perdre l’esprit. Laura avait cependant bien mal comprise l’ampleur du problème. En effet, l’effet psychologique de la Panacée est plus insidieux comme on le découvrit à nos dépens dans les mois qui suivirent. Le corps du Panacéen finit par s’adapter à ses nouveaux sens, et en fait, le réel impact du virus sur la santé mentale de l’infecté se manifeste par une certitude absolue dans sa propre supériorité… Un narcissisme d’une intensité qui pouvait, à son terme, mené à des comportements meurtriers envers ceux que l’hôte finissait par considérer comme des inférieurs.
Même si la progression de la maladie pouvait être lente, Matthew et Jennsen éprouvaient déjà l’effet étourdissant causé par leurs sens décuplés, et le frère de Kelsey en était déjà pour sa part à son deuxième ou troisième mois d’infection au moment où il fut secouru. Les effets psychologiques du narcissisme commençaient peu à peu à prendre racine dans son subconscient et même si Kelsey combattit cette descente aux enfers dans l’espoir que le souvenir de leur lien fraternel stopperait ses idées de supériorité, la chute de Matthew comme celle de Jennsen devint un constat inévitable. Une expérience qui fut aussi terrifiante qu’éprouvante, surtout pour Jennsen qui voyait en primeur les symptômes qui l’affecteraient inévitablement…
Face à toutes ses découvertes, ainsi qu’à la situation précaire dans laquelle nous nous trouvions, je réussi à convaincre Azad de quitter Salem afin de tenter une sortie pour fuir vers le nord. Je m’étais pratiquement rétabli dans mon entièreté, et en voyant les pertes que nous avions essuyées ainsi que les pillages que nous avions effectués des ressources appartenant aux Raiders, j’estimais que nous pouvions tenter de nous rendre à Hope afin d’y trouver des alliés et une plus grande protection. Toutefois, cela nous amènerait à passer outre le barrage de Jericho. Ce qui constituait en soi un danger mortel, sans compter qu’il nous prendrait en chasse et qu’il nous faudrait alors probablement semer les Raiders sur les routes de l’Oregon avant de nous diriger vers Kamloops.
La décision fut impopulaire, mais entre l’inévitable défaite à venir et la possibilité d’une survie à Hope, Azad ordonna finalement de préparer l’évacuation.
Cela dit, rien ne peut adéquatement décrire le degré de l’hécatombe qui suivit alors… De tous les Offsprings qui restaient lorsque notre fuite commença, seuls, Niomi, Alden, Kelsey, son neveu Aïko, son frère Matthew, Victor, Jennsen, Charlie, Estelle et moi avons réussi à passer au travers de cette nuit. Tout le reste, y compris Azad, Alexia et Nathan périrent soit sous les balles des Raiders, les griffes des Z, ou bien furent capturé pour subir un sort encore moins enviable comme nos découvertes nous l’avaient démontrée. Toutefois, même avec autant de captifs, la localisation de Hope était entre de bonnes mains puisque j’avais bien pris soin de ne pas le mentionner à tous, et avec un peu de chance, Jericho se rendrait au Top of the World Provincial Park à la recherche d’un Safe Haven fantôme avant de se rendre à Kamloops où Hope était actuellement située.
- Saison 6, New Beginning and Old Threats:
Je ne sais pas encore comment nous avons pu avoir assez de chance pour nous sortir d’un tel massacre indemne, mais la bonne étoile qui avait brillé sur nos têtes lors de cette nuit de septembre continua de briller dans les jours qui suivirent jusqu’à ce qu’enfin notre minuscule convoi arrive face à l’enclave de Hope à Kamloops quelques jours plus tard.
Je ressentis une nouvelle dose de ressentiment de la part des jumeaux Rahl lorsqu’ils découvrirent que je leur avais également menti concernant la localisation du refuge qu’il croyait, comme tous les autres Offsprings à part Niomi, Charlie et Estelle, nichée au cœur des Rocheuses. Cela dit, en considérant les risques que cela aurait représentés pour mes proches de divulguer l’information à trop de personnes il m’avait semblé plus sécuritaire de simplement garder ce fait pour moi et même s’ils furent visiblement contrariés, les Rahls comprirent néanmoins la logique derrière mon raisonnement.
Pour ceux n’ayant pas vécu à Safepoint, Hope dut leur paraître comme un paradis. L’enclave s’était considérablement renforcée depuis mon départ. De hauts murs cernaient une large portion de la rive sud de la ville près de laquelle l’usine d’épuration que nous avions préalablement sécurisée se situait. Le colonel en charge de l’enclave, Robert Kinney avait depuis lancé ses hommes à la conquête du quartier sud et une fois que le pont fut fractionné en deux pour éviter que des zombis de la rive nord n’interfèrent, le nettoyage de la zone avait pu se faire sans trop de problèmes. Hope disposait maintenant d’eau potable, d’énergie électrique et d’un début d’agriculture. Globalement la situation était exactement celle que le colonel Kinney avait espéré établir en venant ici.
Pour les Rahl, il y avait cependant une terrible impression de « déjà-vu » alors que Kinney ne semblait être pour eux qu’un Hudson ou un CSP en devenir. Je comprenais leurs appréhensions puisque j’avais également craint la même chose durant de nombreuses années, mais j’avais tout de même eu la preuve que cet homme n’était pas de la même trempe. Cela ne l’empêcha pas de passer à deux doigts de m’exiler à nouveau lorsqu’il sut la raison de mon retour, et la menace que je venais de diriger malencontreusement en direction des portes de Hope. Toutefois, voyant que j’avais visiblement l’intention de participer à la protection de l’enclave et que la situation tenait plus du concours de circonstances que d’un choix de ma part, il consentit à me permettre de rester malgré tout, même si je perdis le peu de crédit que j’avais encore à son égard.
Mon retour fut dès son début empreint d’une joie telle que je ne pourrais réussir à décrire. Contrairement à ceux qui m’accompagnaient, Hope n’était pas un univers inconnu, c’était là où se trouvait tout ce à quoi je tenais encore dans ce bas monde. Je retrouvai enfin ma sœur, mon meilleur ami et découvrit en plus que Cloé attendait un enfant qui naquit au courant de l’hiver. Une magnifique jeune fille du nom de Emma qui a ensoleillé nos jours depuis son arrivée. Je regrettai amèrement de les avoir quittés, surtout en sachant que j’aurais pu ne jamais découvrir que la famille Beauharnois s’était agrandie. À notre noyau bienheureux, je réussis à intégrer Niomi et Alden. Chacun ayant joué un énorme rôle dans mon retour partiel à l’ancienne personnalité qui m’avait caractérisé avant la pandémie, ils avaient tous les deux pris littéralement à mes yeux la valeur de frère et sœur adoptif, et je tenais à eux aussi sûrement que Jules, Cloé et David avaient compté pour moi durant notre exil. Leur personnalité attachante n’eut pas de difficulté à s’intégrer à notre famille, et les mois qui suivirent furent incomparables malgré l’ombre terrifiante de Jericho qui menaçait de ressurgir un jour.
Toutefois, tous n’eurent pas la même chance… Les Rahl, et les Williams virent au fil de l’hiver qui s’écoula l’infection de la Panacée prendre racine à l’intérieur de l’esprit de Jennsen, mais surtout de Matthew. Malgré les progrès de Kelsey qui réussit au-delà de toute espérance à lui redonner une partie de sa mémoire, les ravages du virus rognaient sa personnalité à chaque jour qui s’écoulait. Avant que sa déchéance fût complète, il consentit à communiquer ce qu’il savait des ambitions et de la personnalité de Jericho qui avait été impressionnée par sa force physique, si bien qu’il avait souhaité en le contaminant l’ajouter parmi la glorieuse sélection des quelques Panacéens qui prendraient le relai de l’espèce humaine. Il nous révéla le portrait d’un homme extrêmement brutal, mais loin d’être un cancre, et que notre dernière erreur serait de le sous-estimer. Cependant, au fil des semaines, son comportement devint erratique et son discours changea pour devenir graduellement un fervent partisan des plans de Jericho et des autres Panacéens. Jennsen pour sa part n’était pas encore arrivée à de telles extrémités, mais elle-même commença à afficher le même genre de comportement, et ce même à l’égard de son propre frère jumeau qu’elle avait pourtant toujours considéré comme la personne la plus importante à ses yeux depuis le début de la catastrophe.
C’est donc dans une résignation qui n’avait d’égal que sa peine que Kelsey S. William mit son frère Matthews au repos le 14 mai 2018. La Panacée ayant finalement ravagé le restant de sa personne.
Estelle et Charlie pour leur part, n’ayant définitivement pas fini leur vendetta envers les Raiders, se mirent à sillonner les environs de Kamloops afin de repérer des signes avant-coureurs qui laisseraient présager le retour éventuel des pillards sanguinaires, et ils quittèrent souvent durant de nombreuses semaines consécutives afin d’éviter que nous soyons pris au dépourvu. Malheureusement pour nous, le destin avait d’autres plans…
Malgré toutes nos précautions, Jericho passa outre nos éclaireurs. Il arriva quelques semaines avant les faits sans doute, quelque part au début juin soit près de neuf mois après que nous ayons réussi à lui échapper en Oregon. L’hiver qui approchait l’avait peut-être encouragé à ne pas trop se déplacer pour éviter la disette et les aléas de climatique, mais le fait reste qu’il avait sans aucun doute eu la possibilité d’analyser Hope et ses défenses depuis un certain temps. Suffisamment pour qu’il comprenne que même lui n’avait que de faibles chances de remporter un assaut frontal contre l’enclave. C’est pourquoi, fidèle à la réputation de fin stratège que Matthew nous avait prévenus d’anticiper, il préféra user de la plus terrible arme que possédait encore l’humanité…
Au cours de la nuit de 21 juin 2018, après avoir soigneusement préparé son infiltration, Jericho en personne avec quelques-uns de ses hommes tenta de s’infiltrer au cœur de Hope alors même que ses troupes lançaient une attaque frontale contre les murs de l’enclave. Le colonel mena la résistance, et alors que moi, Jenn, Victor et Caleb allions nous rendre au front, la découverte de cadavre le long des rives du lac sur lequel Kamloops était situé nous fit traquer les responsables ce qui nous mena à un entrepôt abandonné où Jericho préparait une ogive au contenu inconnu.
L’altercation fut aussi violente qu’elle fut brève. Je constatai enfin la puissance titanesque de Jericho qui, même en étant seul une fois ces quatre sbires perforés de part en part, réussis à tenir tête à notre quatuor. C’est au courant du combat où on réussit à le maintenir éloigné de l’ogive que je remarquai finalement un terme sur ses plaques métalliques qui me glacèrent d’effroi. Il s’agissait d’un missile rempli de MILSTAR…
Cet inimitable gaz bleu contenait ni plus ni moins que le virus Tau dont Safepoint avait été vaporisé lors de la Guerre des 5 en 2014. Une arme biochimique qui consistait en une version encore plus virulente du virus Z, tant et si bien qu’elle tuait même les zombis infectés par la première souche du virus. Seul 1% des individus, même parmi ceux immunisés au virus Z, pouvaient supporter cette nouvelle mutation et 4% des autres victimes (vivantes évidemment) voyaient le virus les transformer en zombis Tau, des morts-vivants ayant conservé un semblant d’intelligence. Suffisamment pour qu’ils soient capables d’user d’armes et de stratégies simples pour piéger leurs cibles. Si le poison était libéré, c’en était fait de Hope…
C’est dans ce moment d’inattention que Jericho me brisa le genou droit d’un coup bien placé et me mit aussitôt hors d’état de nuire, bien que je pus tout de même prévenir mes comparses de la menace présentée par l'ogive. Quelques instants plus tard, ce fut Kelsey qui fut mise K. O. d’un spectaculaire coup de poing et finalement Victor fini transpercer par le couteau de notre ennemi à quelques pas de sa douce qu’il chercha à protéger. Ce fut toutefois sa dernière erreur. Jennsen, en voyant sa protégée et son frère jumeau succomber à leur adversaire, se jeta dans le combat avec la force que seule une Panacéene pouvait rassembler. Même si elle n’approchait pas de la taille de son adversaire, la fureur qu’elle éprouvait en anticipant la mort prochaine de son frère fut suffisante pour lui donner la force de se déchaîner contre son homologue Panacéen et de faire fi des blessures qu’elle reçut pour finalement loger une ogive au travers de la tête de Jericho.
L’altercation avait fait un boucan d’enfer et des miliciens de Hope vinrent examiné les lieux en prévention, ce qui me permit de les avertir concernant la menace que l’ogive représentait tout en nous permettant d’obtenir le secours que nous avions tant besoin. Kelsey n’eut que des contusions, et moi une convalescence de taille qui promettait même une réadaptation physique. Cela dit, ce fut Victor qui eut probablement la plus terrible des blessures subies cette nuit-là puisqu’il vit de ses propres yeux la dernière lueur de vie quitter le regard de celle avec qui il était venu au monde. Celle avec qui il avait partagé tant de joies et de chagrins, et qui maintenant ne serait pour lui qu’un souvenir à chérir jusqu’à la fin de ses jours.
Le portrait d’ensemble n'était pourtant pas sombre, aussi tragique la perte de Jennsen représentait pour Victor et Kelsey… Hope avait survécu, Jericho était tombé, et ses sbires s’étaient écrasés contre les défenses de Hope comme l’eau sur les rochers. Provoquant une retraite désorganisée qui mena à la fin des Raiders tels que nous les connaissions. Plusieurs des esclaves de ce groupe prirent refuge à Hope et les restants des Raiders devinrent des pillards qui écumèrent les routes des environs en les rendant bien moins sécuritaires qu’avant. Mais c’était un bien moindre mal en considérant à quel point notre bastion de résistance avait failli finir intoxiqué par la plus dangereuse arme biochimique créée par l’humanité.
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| | | Maître du Jeu Messages : 201 Points : 3608 Date d'inscription : 03/05/2015 Gestion du PersonnagePoints "6e sens" disponibles: Nombre de RPs en extérieurs complétés: (20/20)Santé (blessure/maladie): | Sam 23 Sep - 3:45 | | - Saison 7, The Last Stretch:
Les mois suivants furent relativement paisibles, ce qui permit à l’enclave de rebâtir les dommages que les Raiders avaient occasionnés tout en donnant à moi, Victor et Kelsey l’opportunité de nous remettre de nos blessures, quoique la mienne fut nettement plus longue et complexe à surmonter puisque mon genou avait été lourdement endommagé par Jericho et même avec la physiothérapie, je ne pouvais plus me déplacer sur de longues distances sans me passer d’une canne puisque sinon mon genou me faisait rappeler le terrible trauma qu’il avait subi. Les cicatrices de Victor furent les plus profondes cela dit. La perte de sa sœur jumelle parue instantanément dans son comportement et sa manière d’être. Le leader charismatique qui avait mené la lutte contre le CSP, et qui avait tenu tête aux Raiders avec ses compatriotes Offsprings n’était plus le même. Sa mélancolie le renferma sur lui-même et il perdit toute initiative sociale. Il ne faisait que répondre aux questions qui lui étaient adressés et jamais il n’initiait une conversation sans être expressément invité à le faire. Je voyais son regard las et triste se perdre dans les méandres d’une nostalgie et d’une souffrance que j’avais déjà connue lorsque j’avais perdu mon frère, mais avec tous le respect que je devais à Jules, il était évident que l’intensité de ma propre peine face à sa mort n’était qu’une fraction de celle qui tourmentait le pauvre Victor. Merci à Kelsey et à son fils adoptif, il retrouvait parfois le fantôme d’un sourire en leur compagnie, mais Kelsey me décrivait souvent qu’elle n'avait l’impression que d’endiguer temporairement une tempête de douleur qui reprenait trop souvent ses droits sur l’esprit de son bien-aimé. Nonobstant cette morne situation, la vie à l’intérieur de l’enclave reprit son rythme normal jusqu’à la fin de l’été environ, mais derrière les murs du QG de Kinney, la question de l’ogive de MILSTAR laissé à l’abandon causa bien des problèmes. Certains jugeaient que le virus représentait une menace trop importante pour être laissé tel quel, et ils préféraient que le gaz soit relâché loin de Hope afin de mettre fin au risque d’une fuite. D’autres y voyaient le potentiel de nettoyer Vancouver des Z qui l’infestait afin de permettre à l’enclave d’avoir à nouveau accès aux innombrables ressources que la métropole contenait. L’opportunité était alléchante, mais un grand nombre de survivants ne voyait pas d’inconvénient à se contenter des commodités octroyées par leurs labeurs dans la ville de la vallée de l’Okanagan. C’était le cas de ma famille, ainsi que celle de Kelsey. Victor, David, et moi avions vu de nos propres yeux les ravages causés par le MILSTAR, ainsi que les conséquences néfastes qu’il pouvait engendrer par la création de zombis Tau. Nous préférions simplement nous débarrasser de ce danger le plus vite possible, mais nos voix n’avaient pas plus de poids que d’autres et tout ce que nous espérions c’était que Kinney nous écouterait de par notre expérience personnelle. Charlie et Estelle n’ayant, pour leur part, toujours pas terminé leurs vendettas contre les Raiders, les deux se fichaient éperdument de ce que l’enclave deviendrait puisqu’ils préféraient largement rester à Hope pour pouvoir continuer à traquer leurs ennemis à travers les étendues sauvages avoisinantes à enclave. La forêt leur appartenait, et j’avais cessé depuis longtemps de les dissuader de continuer leur croisade destructrice. Je savais les cicatrices que laissait la perte d’une personne qui comptait pour nous, et si Phyllis avait effectivement fini comme une des prisonnières de Jericho, je connaissais suffisamment Charlie pour savoir que rien ni personne ne l’empêcherait de liquider le moindre Raider encore en vie. Notre quiétude fut cependant ébranlée par l’arrivée d’un groupe de survivants mené par un certain James vers la fin septembre. Même si Kinney avait commencé à recueillir des regroupements d’individus provenant de l’extérieur de l’enclave depuis très longtemps, ceux-ci s’avérèrent uniques. D’une part puisqu’à la surprise d’Alden, l’une des femmes de ce groupe n’était nulle autre qu’Élise Christy, sa mère qu’il n’avait plus revue depuis 2011. Et d’autre part puisqu’elle avait à ses côtés un jeune garçon nommé Nathaniel qui s’avéra être le frère d’Alden. Celle-ci était arrivée d’Europe par l’intermédiaire du fleuve Saint-Laurent au cours de l’année 2017 et avait été recueillie rapidement par l’une des colonies menées par James. Son objectif étant d’arriver à Sacramento où elle avait l’espoir fou de justement retrouver Alden, mais le destin avait décidé de finalement lui sourire, et de la mettre directement sur le chemin de son fils aîné. Toutefois, au-delà de ces deux rencontres inespérées, la plus improbable de toutes fut leur meneur, un dénommé James qui se présenta de but en blanc comme étant nul autre que « Le Panacéen ». Étant donné notre expérience récente, ce terme causa aussitôt une méfiance instinctive qui exigea des explications que lui seul pouvait nous fournir. Il fut aussitôt fait captif, ce à quoi il ne résista pas. Et dans les semaines qui suivirent, il fut abondamment interrogé par le colonel dans un premier temps, mais face à ce qu’il avait à dire, les derniers Safepointiens encore de ce monde furent rapidement appelé au poste lorsqu’il se révéla comme étant l’un des architectes de la destruction de Safepoint. Celui qui avait émis le fameux tract ayant mis le feu aux poudres et déclaré l’embargo des colonies de Driven Hill et de San Armonico contre leur métropole de Central City. À la différence de Jericho cependant, James n’affichait pas du tout le même comportement, les attributs que lui fournissait le virus ne lui paraissaient pas être une preuve de supériorité de lui sur les autres. Il voyait dans sa condition le symbole d’un leader éclairé et bienveillant dont les actions avaient permis aux restants d’humanité d’avoir de meilleures chances de survie. Une prétention dont la crédibilité fut renforcée par ce que son groupe nous révéla et qui s’avérèrent véridiques comme l’histoire nous le montra. En effet, James avait fait preuve d’accomplissements dont l’écho allait se répercuter jusqu’aux moments où j’écris ces lignes. Toutefois, pour bien les saisir une mise en contexte est définitivement de mise… James fut le troisième Panacéen de l’histoire. Ana Stanford était la patiente zéro à l’origine de toute la pandémie et Laura J. Strempton s’était elle-même infecté en raffinant la Panacée à l’intérieur du corps de son amie afin de, l’espérait-elle, se guérir de la surinfection du virus Tau qui ravageait son corps depuis l’explosion de MILSTAR à Safepoint au cours de la Guerre des 5. Cependant, si le corps d’Ana avait lui-même fait muter le virus Z de sa version Tau jusqu’à sa version de Panacée, les scientifiques de Groom Lake avaient en revanche poursuivie leurs expériences jusqu’à arriver eux-mêmes à créer la Panacée qu’ils espéraient depuis le tout début. James fut le premier résultat de leurs expériences, et 10 autres victimes suivirent parmi lesquelles se trouvait Jericho. Cependant, il ne disposait pas d’une amélioration physique aussi satisfaisante que les autres pour en faire le supersoldat qu’ils souhaitaient et c’est pourquoi la version qu’ils avaient créée initialement fut ajustée. Cependant, il s’échappa de Groom Lake avant qu’on ne lui administre cette nouvelle Panacée, et ce faisant, il ne subit pas les effets secondaires ravageurs du narcissisme qui avait dévasté l’esprit de Matthew et Jennsen. Avec sa liberté, il se mit en croisade contre tous les vestiges du pouvoir de Groom Lake, ce qui passait entre autres par Safepoint qui constituait son principal bastion d’approvisionnement en vivre et en équipement. Il s’appliqua alors à miner les relations qui liaient les colonies à Central City et une fois que la dissension fut bien établie, il disposa la bombe atomique qu’il avait prélevée d’une ancienne base militaire américaine pour éradiquer Safepoint de la surface de la Terre. Sans le support de l’enclave fortifiée, il se doutait que les jours de Groom Lake seraient comptés et croyant sa tâche accomplie, il se mit à rassembler des groupes de survivants qu’il rencontra dans l’optique de donner à l’humanité un avenir qu’elle n’aurait jamais pu espérer avec l’ombre de Groom Lake toujours en coulisse comme c’était le cas à Safepoint. Les semaines et les mois s’écoulèrent, James réussit à amasser un groupe de bonne taille qui lui permit de sécuriser certains points clés créant ainsi un réseau maritime sur les Grands Lacs du continent qui reliait plusieurs colonies en une seule entité. Le charisme désarmant de James jouait en sa faveur et son plan fonctionna admirablement bien jusqu’à ce qu’il rencontre les premiers Panacéens… Ceux qui s’étaient enfuis après la destruction de Groom Lake par les mercenaires de la Famille, et qui, emportés par leur narcissisme, s’étaient lancés dans une conquête des lambeaux de notre ancienne civilisation. Leur but, rassembler sous la bannière des Panacéens tous les humains qui sauraient survivre au virus de la Panacée afin d’ouvrir le futur de l’espèce humaine vers ce nouvel horizon. Dans leur lubie, ils s’étaient tous donné un titre en lien à des mythes de cultures diverses comme l’avait fait Jericho, et chacun disposait d’un objectif précis visant à favoriser leur plan.
- Athena : Leadeuse d’un groupe qu’elle nomma les « Founders » qui tentèrent d’isoler La Nouvelle-Orléans à l’embouchure du Mississippi pour en faire leur capitale.
- Thot : Un homme ayant fondé le groupe des « Archivists » et qui souhaita piller les grands centres de connaissances de l’ancienne humanité pour rassembler les savoirs techniques et utiles perdus afin de faciliter la renaissance de l’humanité Panacéenne.
- Pestilence : Un Panacéen qui regroupa un groupe nommé « The Scourge » et qui employa toute sorte de procédés afin d’infiltrer des groupes de survivants pour les empoisonner avec de petites doses de MILSTAR. Leur but étant de conserver ceux capables de supporter le Virus Tau puisque seul cet infime pourcentage d’individu pouvait survivre à la Panacée.
- Hippocrates : Un ex-scientifique ayant fondé un petit groupe nommé les « Scientists », chargés de produire de nouvelles petites doses de virus Tau à partir des restes de Groom Lake qu’il tenta de restaurer. Le but étant de permettre à leurs comparses Panacéen de purger certaines villes importantes pour faciliter leur approvisionnement.
- Thalassa : Une femme qui regroupa une caravane flottante intitulée les « Marines » dont le but fut d’essayer de rétablir un réseau maritime visant à faciliter le transport et les contacts entre la future capitale des Panacéens et les grandes villes maritimes de la côte est.
- Aequitas : Une Panacéenne qui fonda un groupe qu’elle nomma « The Cornucopia » dont le but fut de sécuriser les sources de pétroles et les raffineries du Midwest pour maintenir et réapprovisionner les caravanes Panacéennes tout en permettant d’approvisionner et de garder en contact chacun des groupes.
- Demeter : Une femme ayant fondé un groupe intitulé les « Settlers » qui eurent pour objectif de purger les écluses et les voies fluviales du Mississippi afin de sécuriser les villes riveraines et faciliter le déplacement sur le continent tout en essayant de cultiver les terres adjacentes aux rivières de ce même fleuve.
- St-Peter : Le leader du groupe qu’il nomma les « Apostles » dont l’approche se voulut plus subtile, et qui souhaita enrôler des groupes de survivants par la persuasion et les fausses promesses avant de les embarquer dans l’engrenage esclavagiste et la sélection eugénique des victimes étant tombées dans le piège du Panacéen.
- The Herald : Une ex-militaire comme Jericho qui fonda le groupe des « Conquerors » dont le but était de conquérir par la force ce que les Apostles n’arrivaient pas à sécuriser par la persuasion tout en supportant militairement les groupes qui en avaient besoin dans l’accomplissement de leurs objectifs.
De ces neuf Panacéens, James et ses hommes en vainquirent six à eux seuls, et il ne restait plus au moment où il arriva à Hope qu’Athena, Thalassa et The Herald. Par conséquent, n’eût été ses efforts, d’autres doses de MILSTAR se feraient créer et la domination des Panacéens se seraient étendues sur près de la moitié du continent restant grâce à l’effet dévastateur du virus Tau qui aurait permis aux Panacéens de rassembler des ressources phénoménales. Ces victoires arrivèrent à leurs fins lorsqu’il nous raconta comment il avait été vaincu par the Herald quelques semaines auparavant. Il fuyait depuis cette armée invaincue qui avait fracassé ses forces presque entièrement à l’exception des quelques civils qui l’accompagnaient. Depuis, les lambeaux du groupe de James fuyaient The Herald et ses éclaireurs en suivant les rumeurs d’une enclave nichée par-delà des Rocheuses et il était soulagé de voir que Hope existait en effet. Cela dit, le temps pressait puisque The Herald pouvait arriver très prochainement et comparativement à Jericho que nous avions affronté, elle avait la force de frappe nécessaire pour assiéger Hope. Son groupe entier étant dédié à d’éradiquer par la force tous ceux qui ne consentiraient pas à suivre la parole des Panacéens. Comme ces témoignages concordaient beaucoup trop avec ce que j’avais moi-même réussi à tirer des calepins de Jericho un an auparavant, il était très difficile de prétendre que James avait tout inventé ce qu’il venait de raconter. C’était sans compter que Victor et Kelsey se souvenaient du tract qu’il avait émis à Safepoint, ainsi que les détails qu’il connaissait concernant Groom Lake. Croire qu’il s’agissait là de coïncidences ne nous mènerait nulle part, et il fallait faire face aux évidences en assumant que The Herald marchait sur nous. Ce faisant, les éclaireurs se déployèrent pour anticiper l’arrivée de notre ennemi, et c’est ainsi que pour une seconde fois en moins d’un an, Hope se prépara à faire face à une menace telle qu’elle ne l’avait jamais connu depuis sa fondation. Tous les efforts de l’enclave furent mis pour se préparer à un siège qui promettait d’être aussi sanglant que terrible, et qui arriva beaucoup trop tôt… The Herald ne fit pas dans la dentelle. Elle débarqua dans la région durant les premiers jours d’octobre, et exécuta sans sommation ceux qui se mettaient au travers de son chemin. Lorsqu’elle atteignit les remparts de Hope, l’espoir que le nom de l’enclave était supposé instiller fut ébranlé comme jamais auparavant. Elle avait l’équipement, les hommes et la rage de détruire tout ce que le colonel Kinney avait bâti depuis le début de la pandémie, et elle y arriva presque. Le siège fut plus court que celui que Jericho organisa sur Salem en 2017, mais elle fit voler nos défenses en éclat et entra dans notre bastion avec toute la force d’un ouragan. Tous les survivants de Hope durent participer à sa défense et c’est au cours de cet ultime affrontement que je perdis l’une des dernières personnes à laquelle je tenais, mon meilleur ami David Leblanc. Cet homme qui fut un allié indéfectible dès le tout début de cette apocalypse en nous ouvrant sa porte à Saint-Agathe-des-Monts. Cet ami incomparable avec qui j’avais traversé le continent en entier pour maintenir ma propre famille en sécurité alors que la sienne avait succombé durant notre traversée. Le père de ma nièce qui venait de venir au monde succomba dans le terrible échange qui prit place dans la ville en tentant de sauver ma sœur et sa fille du massacre. Heureusement, mes proches et alliés s’en sortirent mieux. Kelsey, Victor, le petit Aïko, Niomi, Cloé, moi, ainsi qu’Alden et sa famille survécûmes sans blessures et se fut Charlie et Estelle qui passèrent près de tomber au champ d’honneur lorsque la seconde eut un élan de témérité qui poussa le premier à lui venir en aide. Cela dit, Hope survécut à nouveau et The Herald rencontra sa fin également en ne laissant plus que deux Panacéennes encore en vie sur la côte est du continent. À quel prix cependant, l’enclave n’était plus que l’ombre d’elle-même à quelques centaines de survivants. Hope était en ruine, et les Z qui viendraient inévitablement à la suite de l’assaut ne pourrait être arrêté. La décision ne fut pas aisée, mais seul l’exode pouvait nous sortir de là en vie. Toutefois, une variable de taille modifia considérablement les paramètres de cet exil. En effet, l’ogive de MILSTAR que Jericho nous avait laissé reposait toujours sagement dans une des zones fortifiées de l’enclave. Avec notre refuge pratiquement éradiqué, plusieurs des personnes qui avaient autrefois défendu ardemment l’inutilité de garder une telle menace si près de nous changèrent leur fusil d’épaule. Par conséquent, le colonel Kinney décida de tenter une seconde fois de reprendre Vancouver comme son état-major lui avait ordonné en 2011. C’est donc avec une caravane grandement réduite que les survivants de ce sanglant conflit se dirigèrent vers Vancouver en emmenant avec nous James dont l’avertissement avait été salvateur, et qui promit de contribuer à préparer la côte ouest aux plans des deux dernières Panacéennes du continent.
- Épilogue final:
Avant de les affronter cependant, nos pas nous menèrent aux frontières de l’ancienne métropole de la Colombie-Britannique. Vancouver se dressa devant nous quelques jours après notre départ de Kamloops et à notre arrivée, la ville se révéla aussi infestée qu’elle l’avait été depuis le début de la pandémie, et les Z y erraient par millions. Nous ne pouvions espérer surpasser une telle masse par le nombre, même avec les quelques groupes de survivants de la région qui se joignirent à nous dans les jours qui suivirent. Le temps pressait cependant, le mois de novembre était à nos portes et l’hiver ne tarderait pas à le suivre. Il fallait absolument nous trouver un lieu stable qui pourrait nous permettre de passer au travers de la saison froide sans mourir d’hypothermie. La superficie de la métropole était tout simplement trop grande pour que l’ogive de MILSTAR que nous avions la purge en entier. Par conséquent le colonel Kinney fit isoler la partie nord de la ville en sectionnant les deux ponts qui la reliaient au centre-ville. De là, il fut plus aisé de la nettoyer « manuellement » le quartier qui était d’une taille relativement plus petite. Par la suite, ce fut simplement une question d’attendre que le vent tourne afin que le gaz se répande le plus loin dans les terres en nettoyant tout sur son passage. Ce faisant, par une grâce divine que nous n’aurions jamais cru possible dans ce monde déchu qui était le nôtre, notre nouveau lieu de vie fut largement sécurisé dans les semaines qui vinrent notre arrivée, et il fut baptisé « New Eden ». Même si l’hiver qui s’ouvrit à nous fut relativement rude, notre nouvelle enclave réussit à passer au travers, et le printemps 2019 s’ouvrit à nous dans toute sa splendeur. Au fil de l’hiver, James et Kinney avaient préparé leurs plans pour contrecarrer les efforts des deux Panacéennes, mais pour notre part, ma famille, celle d’Alden et celle formée par Victor et Kelsey n’avaient plus la force ni l’envie de se plonger dans une nouvelle guerre. De même, malgré qu’ils ne formaient pas un noyau familial conventionnel, Estelle et Charlie étaient du même esprit. Nous avions tous trop souffert et trop perdus pour en arriver à ce point, et nous ne comptions plus perdre personne d’autre dans des conflits dont l’ampleur dépassait largement nos simples destinées. À l’arrivée du printemps, Charlie et Estelle partirent explorer la province en duo et revinrent périodiquement nous rendre visite tandis que le reste d’entre nous quitta New Eden afin de trouver une île isolée où mener notre vie en paix, mais tout en restant à portée de l’enclave pour nous aider à subvenir à nos besoins. Ce fut donc ainsi qu’on s’établit tous à Bowyer Island dans trois des maisons luxueuses de l’endroit, et que nos trois familles y vivent dans la paix et la sérénité depuis des années maintenant. Toutefois, l’année 2019 recélait deux surprises de tailles que nous n’aurions jamais espérées, même dans nos rêves les plus fous… En premier lieu, au fil de l’été qui suivit, la vaste majorité des zombis de la ville finirent par enfin succomber aux ravages du temps et du climat. Malgré le virus Z qui avait retardé leur décomposition durant un nombre remarquable d’années, plusieurs des Z tombèrent par milliers et par millions dans les semaines qui suivirent l’éclatement des premiers bourgeons. En l’espace de quelques mois, pratiquement toute la ville de Vancouver était purgée des morts qui s’y trouvaient toujours et l’expansion de New Eden parmi la métropole s’intensifia considérablement. Plusieurs ne purent s’empêcher de faire remarquer la sublime ironie que cette situation créa. Nous avions tous, en tant que communauté, tellement débattu pour savoir si nous devions prendre le risque d’aller nous établir près d’une métropole un usant d’un poison mortel que tout le monde craignait d’utiliser, mais qui apparaissait à ce moment là comme étant le seul outil capable de nous donner cette chance. Cela dit, quelques mois d’attentes auraient suffi à cesser tous nos débats interminables, en plus d’avoir un impact encore plus radical que le MILSTAR. Cela dit, au moins cette terrible arme avait été détruite pour de bon de la surface de la Terre. En second lieu, en prévision du conflit que nous craignions voir arriver à nos portes, Kinney et James avait envoyé une expédition vers l’ouest afin de voir si les Z y étaient également tombés tout en nous rapportant les activités des deux dernières Panacéennes. Notre surprise fut cependant totale lorsqu’on appris à leur retour en automne que les deux femmes étaient décédées avant leur arrivée au cours d’un ouragan spectaculaire en provenance de l’Atlantique, et les esclaves sous leur joug s’était depuis affranchie de leurs conditions pour reprendre leurs vies en mains. Ce faisant, la fameuse guerre que nous redoutions tous n’eut jamais lieu, et le continent nord-américain poursuivit sa reconstruction dans les années qui suivirent. Par contre, les détails de ces trois dernières années m’ont échappé pour être francs. Mon genou meurtri m’a souvent cantonné aux limites de Bowyer Island, et notre groupe en général se délaissa de ce qui se passa à New Eden. Seul comptait pour nous de rebâtir nos vies loin de ce que cette nouvelle civilisation en devenir prévoyait pour elle et ceux sous son égide. Toutefois, comme je l’ai déjà dit à Laura lorsque je l’avais revue à Salt Lake City en 2016, je n’avais peut-être rien d’un héros, mais il y avait une chose que je savais être un atout d’une extrême rareté parmi les survivants restants de ce monde. J’avais en effet le souci du souvenir. J’étais conscient de la fragilité de la mémoire humaine qui était condamnée à s’effacer devant cette force implacable (et indomptable) qu’est l’oubli. Un fléau qui nous accable tous et qui viendrait nécessairement un jour à bout des souvenirs que ces dernières années horrifiantes ont laissés. C’est pourquoi j’ai pris l’initiative d’enfin rédiger mes mémoires de la dernière décennie qui s’est écoulée. Mon expérience n’a rien de particulier comparativement à mes autres confrères de survie, mais je suis l’un des seuls à avoir eu accès à des bribes d’informations concernant la calamité qui a presque éradiqué l’espèce humaine. Ce faisant il m’apparaissait primordial de relater les faits dont j’avais connaissance afin que, dans les siècles à venir, lorsqu’on essaiera de comprendre cette terrible page de l’histoire, la vie de ceux qui vécurent ce cataclysme et les circonstances des événements à son origine puissent être remémorés. Dans l'espoir que jamais plus nos descendants ne soient confrontés aux ravages d’une autre erreur humaine de la sorte. Que ce livre soit un rappel à l’humanité d’être toujours vigilante du danger qu’elle est capable de se faire subir elle-même, ainsi qu’un témoignage symbolique du souvenir de tous ceux que j’ai perdu, et dont la perte me hantera jusqu’à mon dernier souffle. Parents et amis, sachez et que je ne vous oublierai jamais. Fin
******** 21 septembre 2022, 11h52, Bowyer Island, Colombie-Britannique, Canada.Je déposai finalement mon stylo sur la table en poussant un soupir de satisfaction. Le groupe qui avait effectué leurs retrouvailles sur le ponton de bois était remonté depuis un moment déjà et j’entendais au rez-de-chaussée l’atmosphère joviale qui s’y créait. À ma droite, j’entendis la porte coulissante séparant le perron de l’intérieur de la maison s’ouvrir pour laisser passer la silhouette de Kelsey. La frêle rouquine au ventre arrondie par sa grossesse tenait dans ses bras le petit William tandis que dans la salle d’où elle provenait je voyais Victor jouer avec Aïko sur ses genoux. -Encore en train d’écrire? Me demanda-t-elle sereinement. Je levai mes yeux vers elle en souriant. Un phénomène qui était devenu aussi régulier qu’avant l’apocalypse au bonheur de Cloé. -Plus maintenant non… J’ai enfin terminé. Lui dis-je en tapotant la page couverture de ma bonne main. En entendant la nouvelle, elle sembla prise d’un petit élan de rêverie et caressa affectueusement le petit être qu’elle attendait avec impatience. Un petit Richard ou une petite Jennsen selon ce que l’avenir allait nous révéler. -On a survécu à tout ça… Quand nos enfants seront adultes et nous de vieux croutons, ils n'en reviendront pas de tout ce que nous avons pu voir et vivre! -Ne t’en fais pas, répondis-je aussitôt en riant et en me levant avec difficulté avec ma canne avant de prendre le livre dans ma mauvaise main. C’est exactement le but de ce petit bijou. Je m’avançai ensuite en boitant vers le petit William qu’elle tenait de son autre bras et lui ébouriffa les cheveux. Une petite attention qui me valut un sourire gêné avant qu’il ne se blottisse contre le cou de sa mère. Je lâchai un soupir en voyant les traits enfantins du jeune garçon. Il m’évoquait à la fois un vif espoir du futur et les tristes souvenirs de nos pertes qui ne pourraient jamais rencontrer l’enfant énergique qu’il était. -C’est incroyable de penser qu’on a passé à travers de tout ça quand même. Parfois, j’ai de la difficulté à croire que c’est réellement fini. Kelsey passa sa main libre dans les cheveux châtains de son fils en acquiesçant à ma remarque. -Certaines nuits je revois des moments, des visages... C'est terminé, mais on le porte quand même en nous. J'espère que ça nous servira à offrir un avenir plus serein à nos bouts de chou" souffla-t-elle en posant un baiser sur la tignasse en bataille de son petit William. Je souris à sa réponse. -Tu as bien raison. Désolé de ramener ces vieux souvenirs sur le plancher. C’est le contrecoup de m’être plongé aussi longtemps dans ma mémoire pour rédiger cela. Je lui pris ensuite la main de mon moignon gauche et la serrai amicalement avant de lui dire avec une profonde conviction. -Cela dit, ça m’a aussi permis de me rendre compte à quel point ce qu’il me reste de cette catastrophe compte pour moi. À la lumière de tout ce que nous avons vécu, je crois qu’on peut dire que ni toi, ni moi ne serions arrivés ici sans l’aide de l’autre. Pour ça, je me rends compte qu’il faut que je t’en remercie une énième fois Kelsey. Merci infiniment. L'air de Kelsey s'attendrit et elle me serra la main en retour. -Nous sommes une belle et grande famille désormais. Un tas de gens différents qui ont su s'unir et survivre ensemble. Un magnifique arc-en-ciel après un long orage. En l’entendant, je ne pus empêcher mon sourire de s’élargir. Combien de fois m’avait-elle répété cette métaphore à laquelle elle savait que je n’avais donné aucun crédit lorsque nous nous étions rencontrés, à l’époque où j’avais perdu foi en tout. Dès le moment où nous nous étions croisés, elle avait fait mention de cette conviction qui était devenue son leitmotiv tout au long de sa survie. Ce mince espoir qu’elle entretenait depuis le début de la catastrophe et qui s’était finalement concrétisé de la plus rayonnante manière possible. Je lâchai sa main pour lui serrer l’épaule en l’enjoignant à me suivre de mon pas claudiquant. -Effectivement ma chère, effectivement… Je n’ai jamais été aussi heureux de m’être trompé.Elle me sourit d’un air complice et m’accompagna à l’intérieur de la maison afin de profiter à nouveau d’un bonheur durement gagné, mais amplement mérité. |
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